Teknival de Redon, 2021. Il est environ 17 h lorsque le ciel, déjà survolé depuis plusieurs heures par un hélicoptère de la police, voit arriver un deuxième engin motorisé. Soudain, une dizaine de scènes coupent leur sound system en même temps. Les quelques secondes de silence résonnent comme un mauvais pressentiment au cœur de l’hippodrome de cette petite ville bretonne.

Puis le calme laisse place à une pluie de tirs de grenades lacrymogènes et aux cris des brigades de CRS surgissant de leur cachette, dissimulées dans les hautes herbes qui bordent le site de la fête. Destruction de matériel, charges violentes des forces de l’ordre… Cet événement tourne au chaos, les soldats bleus exécutant sans réfléchir les ordres du préfet. 

C’est à ce moment-là, lors de ma première free party, que j’ai décidé de photographier ce monde, que je ne comprends pas encore mais qui m’intrigue. Pourquoi tant de violence pour de la musique ? Est-ce toujours comme ça ? Qui sont vraiment les gens qui font vivre ce mouvement ?

Depuis ce week-end, je parcours les fêtes libres, au fil des saisons et des régions, pour dessiner mon portrait de la fête libre.

Mon but : mettre en avant les personnes qui le composent, les interactions, les instants de vie partagés, loin des images véhiculées par les médias traditionnels. Montrer que chaque fête est unique, avec son cadre, sa bienveillance, son ambiance propre. Qu’il s’agisse d’un hangar glacial en Bretagne, d’un aéroport désaffecté en Espagne ou des vallées brûlantes du Cantal, la revendication d’une fête « autrement » reste toujours au cœur.